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Monsieur le nuage,

Je vous adresse cette lettre pour vous demander la permission de nager dans votre bon ventre bien repu, dans votre grand palais de ouate  blanche, mais parfois grise, aux rondeurs de ballon de baudruche, dans votre antre immaculée qui n’a pas d’âge et vos flancs de ouate neigeuse autant que religieuse.

Laissez moi patauger s’il vous plait, le temps d’une valse amoureuse, dans votre barbe à papa, votre grande barbe de père Noël tout blanc afin que je puisse me prélasser et batifoler sans limite. Je voudrais, ainsi, mettre mon corps en mouvement au gré de votre apesanteur lunaire, ou plutôt céleste, et de le mettre dans un état de joie ciel particulière, moi qui suis un peu triste ici sur terre.

Je souhaiterais me sentir libre dans votre vapeur de  souffle fossile, libre de mes attaches planète ici bas, sur sol. J’aimerais tant inventer des mouvements follement désarticulés, une sorte de symphonie imaginaire du corps, qui mélangerait et la nage à nuage et la danse à barbe blanche.

Monsieur le nuage, je me langui de pouvoir goûter un jour votre lait pour savoir s’il est aussi frais que celui des vaches, qui paissent tranquillement sur notre terre et sous vos yeux. Je voudrais savoir s’il est épais comme la crème et s’il a un petit goût sucré. Si c’était le cas, alors je rêverais de fouetter votre grande barbe afin de préparer une immense crème chantilly de nuage pour réaliser une sublime tarte au ciel.

Comme on dit, ici sur terre, qu’on est con comme la lune mais que, lorsqu’on dit qu’on a la tête dans les nuages, c’est que l’on rêve tout le temps, alors je me demandais si vous pouviez me le confirmer ?

Je serais curieux de savoir, Monsieur le nuage, si l’on peut rebondir dans votre matière de coton coton gris, coton coton blanc, coton coton doux, coton coton mou.

Je tremble souvent également à l’idée de sentir le grondement de votre tonnerre quand vous vous mettez en colère dans votre ciel sombre et noire, orageux comme les ténèbres.

Et vos coussins de gaz frais qui flottent dans l’azur serein sont ils aussi soyeux que le duvet des oiseaux qui vous traversent  et vous percent  Si l’on peut faire des saltos et des roulades et toute sorte d’acrobaties irrévérencieuses sans se soucier de se faire mal ou de se heurter à la pudeur des autres. Je me dis que cela doit être apaisant de prendre votre forme mousseuse, votre forme de crème fouettée, d’Ile flottante, en survolant la terre et de se laisser glisser au gré du vent dans votre ballon dirigeable, votre Zep surnaturel.

Mais Monsieur le nuage vous qui êtes toujours dans le ciel, j’aimerais savoir ce que cela fait de rester à l’air libre en permanence, de flotter sans tomber, de n’être rattacher qu’au ciel et de ne pas être obligé d’avoir les pieds sur terre et la tête sur les épaules. Peut-être êtes vous l’enfant du ciel d’ailleurs. L’enfant ciel.

Nous vous voyons, nous les Zetrumins que d’en bas, de notre plancher des vaches. Vous passez au dessus de nous, vous et votre famille de nuages, comme des grosses montgolfières aux robes de mariée. Parfois vous êtes tellement étalé et épais qu’on dirait une grande mer agitée qui vacille au dessus de nos têtes.

Je souhaitais vous écrire aussi pour connaître votre âge, cela m’intrigue, vous qui êtes nu comme un ver, on dirait que vous avez une peau de nourrisson. Êtes vous bien réel cependant Monsieur le nuage ?

Il n’y a pas de fumée sans feu c’est bien connu, mais y a t’il une nuée sans nuage ? La forme que prend votre existence se noie dans le ciel et de là je me surprends grâce à vous  le plus souvent à être la tête dans les nuages…

Stela

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